Au début, je n'attendais rien. J'avais
envie de tout, mais je ne le savais pas
encore. Mon contrôle était total : du
temps à l'espace, aucune loi physique
autre que celles définies par moi-même
n'existait. Il n'y avait aucune étoile,
et le vide absolu m'entourait. J'étais
Dieu en personne. Mais à quoi bon, si
je suis le seul à le savoir.
Cette situation dura un temps
indéfinissable, étant donné que
l'inexistant ne peut être défini. Mes
loisirs se résumaient à tout contrôler.
Un sentiment de puissance m'aurait bien
envahi, mais qu'est-ce que la puissance
si l'on ne peut la comparer ? Or, seul
dans l'Univers, ou plutôt étant l'univers,
je ne pouvais jouir de ce sentiment de
puissance, et "Dieu" sait à quel point
j'aurai aimé y goûter. Je n'y pouvais
rien, c'était ainsi. J'étais seul, depuis
toujours et pour toujours, depuis un
instant.
Les événements sans témoin n'existant pour
personne d'autre que soi, je me permettais
tout, sans me soucier des répercussions que
ces faits pourraient avoir.
Mon désir d'altruisme était plus fort que
jamais. Je ne pouvais plus concevoir cette
pseudo-existence dans laquelle je contrôlais
tout, tout en n'étant rien bien qu'étant le
Tout. Rien n'avait aucun sens. La colère et
le désespoir m'envahirent progressivement,
aussi rapidement qu'une absence de notion de
temps peut le permettre, aussi profondément
qu'une idée de dimension peut se construire
sans personne pour la concevoir. J'osa
imaginer pouvoir me diviser et discuter avec
moi-même, Tout en gardant une sauvegarde
d'un moi en tant qu'un tout auquel tout
retourne, pouvoir me diviser indéfiniment et
établir une relation entre les différents
"moi" qui composeraient ce nouveau tout,
sans qu'aucun ne puisse se résoudre à être
un tout par lui-même, mais qui, en tant que
partie du tout, pouvaient témoigner
mutuellement de leur état et interagir entre
eux, ayant ainsi la réelle sensation
d'exister dans ce rien, ce tout.
Soudain, Tout prit un sens.
Un incroyable "bang" se produisit, laissant
place à une multitude de parties du tout
plutôt qu'un tout unique et sans réelle
existence, réduisant à néant la notion de
rien et donnant tout son sens à celle de
Tout. Mon expansion fût immense, mais ce
n'était plus Moi.
Par delà le charnel, il y a le spirituel
sans lequel il n'y aurait rien. Par delà
la logique, il y a l'impalpable sans
lequel on saurait tout et il n'y aurait
rien, mais à cause duquel on ne sait pas
grand chose du tout qu'est l'Univers,
finalité alliant le tout et le rien, qui
fait qu'on pense à rien quand on est Tout,
mais qu'on peut explorer une partie de ce
Tout quand on est presque rien...
Puis, il y a moi et ma vie, qui sans les
autres serait on ne peut plus importante,
mais qui, étant donné le nombre de moi
autres que mon moi actuel, n'intéresse que
moi.
Je n'avais conscience de rien de ce qui
m'entourait quand je pris possession de la
partie de ce tout qu'est mon enveloppe
charnelle chaleureusement accueillie par les
semblables à moi-même qui me donnèrent la
vie, sans qui je n'aurai jamais pû exister
et qui pourtant ne peuvent rationnellement
venir de rien, bien que le quelque chose qui
leur donna existence ne puisse venir de
nulle part et en même temps de quelque chose.
Cette énigme incroyablement irrationnelle et
pourtant si censée constituera un des
principaux buts de mon existence.
L'univers
-
- SAtedI pour toujours
- Messages : 3979
- Enregistré le : 09 août 2009, 03:04
- Localisation : Europe
- Contact :
Re: L'univers
L'uni vertMatCh a écrit :Je dédicace ce texte à Aya Nana.
La terre, bénit.
Et toi, tu regardes
Sur tes gardes, ce toit.
Le temps a passé
Pas assez pourtant
Pour inonder tes yeux
De poussière d'Etoiles.
Voile de tes voeux
L'e-monde.
Match, mon ami.
Souris, me voici.
Nana
Enthousiasmée par Les Royaumes Démoniaques de Christopher Evrard https://lstu.fr/les-royaumes-demoniaques-amazon