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Empathie ?

Publié : 02 mai 2005, 08:28
par Alex
On dit que les Autiste et Asperger manquent d'empathie. Pouvez-vous m'expliquer un peu plus en me donnant des exemples concrets, s.v.p. ?

Est-ce que c'est comme pour le côté sensoriel qui peut basculer de hypo sensible à hyper sensible ou c'est stable totalement sans empathie ?

Est-ce que c'est un trait commun à tout les autiste sans exception ?

Stéf et Bernot vous disiez dans une autre discution ne pas avoir été triste quand des personnes très proches de vous son mortes. Mais est-ce qu'il vous arrive d'être triste en repensant à ces personnes ?

Parce que je suis capable d'empathie même que quand ca m'arrive c'est souvent très violent. Un jour j'étais assise dans l'autobus et j'ai entendu à la radio qu'un homme venait de retrouver sa fille qui s'était faite agresser morte dans le parc près de chez elle. J'ai eu tellement mal pour cet homme que ça m'a vraiment troublé et qu'encore aujourd'hui ca me reste un souvenir très marquant. Encore aujourd'hui j'ai appris que le fils d'une femme adorable que je connais a tué 2 jeunes enfants, ça m'a vraiment fait très mal pour elle et j'ai eu beaucoup de mal à ne pas pleurer, en fait j'ai pleuré sans larmes pendant un long moment. Je déteste écouter les nouvelles pour cette raison ça m'affecte trop.

En même temps en vous écrivant ces 2 exemples ca m'a fait réaliser que je n'ai peut-être pas eu de la peine pour les bonnes personnes puisque je n'ai pas eu de peine pour les enfants ni pour toutes les autres personnes qui ont souffert de ces 2 drames. Ce qui revient à ce que je disais plus haut, hypo ou hyper sensible.

Moi non plu je n'ai pas pleuré quand ma grand-mère que j'adorais est morte mais j'étais triste de la voir malade avant qu'elle meurt et il m'est arrivé 1 fois ou 2 de pleurer en repensant à elle plusieures années plus tard car elle me manque beaucoup.

Publié : 02 mai 2005, 11:54
par cinnammon
j'ai pas l'impression que l'empathie n'existe pas mais plutôt quelle utilité puisque ce n'est pas facile à verbaliser et à transmettre ? et que meme si on arrive à s'exprimer, sera-t-on compris ?
je ressens de l'ampathie pour les personnes 'privées de moyen d'expression' ou en souffrance : les personnes agées, les handicapés sensoriels, les enfants et souvent aussi pour les animaux ;
jamais avec les Nts ! et quand je cherche à les comprendre, il me regardent comme si j'étais une abrutie ! mais ça ne me blesse pas, m'en fous ! :wink:

Re: Empathie ?

Publié : 02 mai 2005, 12:07
par Bernot
Alex a écrit :On dit que les Autiste et Asperger manquent d'empathie. Pouvez-vous m'expliquer un peu plus en me donnant des exemples concrets, s.v.p. ?

Est-ce que c'est comme pour le côté sensoriel qui peut basculer de hypo sensible à hyper sensible ou c'est stable totalement sans empathie ?
Il faut déjà définir l'empathie :
L'empathie est une notion désignant la capacité qu'une personne a de ressentir les sentiments et les émotions d'une autre personne. ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Empathie )

L'empathie nécessite la maîtrise de la théorie de l'esprit et de la communication non verbale. Il est donc dans la nature d'un TED de n'avoir pas d'empathie, puisque c'est une conséquence directe de leur fonctionnement mental.

Pour que l'individu A ait de l'empathie pour l'individu B, il faut
1 - Que l'individu B transmette des signes non verbaux à A quand à son état émotionnel
2 - Que l'individu A soit capable de percevoir ces signes, puis qu'il soit capable d'imaginer l'état émotionnel de B. L'état émotionnel de B est réel pour B mais imaginaire pour A.
3 - L'individu A doit projeter sur lui-même cette représentation imaginaire qu'il a des émotions de B pour pouvoir les ressentir lui-même.

Tout cela nécessite un fonctionnement mental NT.
Alex a écrit :Est-ce que c'est un trait commun à tout les autiste sans exception ?

Stéf et Bernot vous disiez dans une autre discution ne pas avoir été triste quand des personnes très proches de vous son mortes. Mais est-ce qu'il vous arrive d'être triste en repensant à ces personnes ?
Il ne s'agit plus ici d'empathie, mais d'émotion individuelle : comment peut-on ressentir les émotions d'un individu mort ?
Pour répondre à votre question : Non.
Mon grand père était très important beaucoup pour moi de son vivant. C'est un fait.
Mon grand père est mort. C'est un fait.
Les choses sont ainsi, ce sont des fait.

En fait, la tristesse d'un NT lors d'un deuil vient de sa capacité à imaginer ce que serait le monde si la personne décédée était toujours vivante. La tristesse du NT vient du décalage qui existe entre le monde qu'elle imagine avec l'individu toujours vivant et la réalité où l'individu est décédé.

Lorsqu'on est pas capable d'imaginer un autre monde que celui préexistant à la pensée, la comparaison n'est pas possible et la tristesse résultant de ce décalage ne l'est pas non plus.

Gabriel.

Publié : 02 mai 2005, 17:15
par Panda
En ce qui me concerne, je suis capable d'empathie pour les gens que j'aime: je ne supporte pas de les voir souffrir. Je ne le verbaliserai peut-être pas forcément, je serai peut-être incapable de consoler, en prenant quelqu'un dans mes bras, mais la douleur d'un être cher a un impact direct sur moi. De même, voir les gens que j'aime heureux me fait du bien.
En ce qui concerne les deuils, la perte d'un être qui m'est cher est semblable à une impression d'amputation. Comme si on m'avait arraché une partie de moi. C'est comme si quelques personnes avaient pu accéder à mon intériorité et que je les avais intégrer, en moi. Elle font partie de mon monde. Les perdre est comme me perdre moi-même. Il faut s'habituer au trou que la perte laisse.
En ce qui concerne l'actualité, il y eu des périodes où je ne supportais pas la violence qui s'y passait. L'hypersensibilité est comme un excès de conscience. La violence perçue peut faire des ravages. Surtout lorsqu'on a l'impression d'être sans défense.
Maud

Publié : 02 mai 2005, 17:20
par Alex
Donc si je comprend bien c'est ma définition du mot empathie qui était erronée.

Je croyais qu'empathie voulait dire avoir de la peine pour quelqu'un d'autre.

Finalement c'est plutot ressentir la peine de quelqu'un qu'on voit souffrir. Un comme de voir quelqu'un bailler donne envi de bailler?

La nuance qui fait toute la différence.

Donc si je comprend bien les 2 exemples que j'ai donné plus haut ne sont pas des exemples d'empathie puisque je n'ai eu aucun contact visuels avec ces personnes, j'ai été triste pour eux en me basant sur mes expériences et sentiments en tan que parent.

De voir quelqu'un pleurer peut me mettre mal à l'aise et même m'agacer mais ca ne me rend pas triste. C'est ça le manque d'empathie?

Je ne peux pas non plu m'imaginer comment la vie serait avec ma grand-mère à la limite j'arrive juste à faire un copier collé de mon enfanca en mettant mes enfants à la place de moi. Je suis juste triste parfois parce que je voudrais qu'elle soit là et c'est impossible et ça le restera toujours.

Publié : 02 mai 2005, 17:51
par Bernot
Il y a deux concepts différents : l'empathie (définie plus haut) et la compassion (souffrir avec).

- L'empathie ne se limite pas à la souffrance de l'autre mais est applicable à toute émotion : satisfaction, surprise, interrogation etc...
- La compassion est exclusive de la souffrance.
Pour la compassion, il y a cette définition qui est assez judicieuse quoi que je ne sois pas d'accord avec le dernier paragraphe : http://www.aapel.org/bdp/dico.html#compassion .

Mais les mécanismes mentaux de la compassion ne sont pas nécessairement les mêmes que l'empathie. L'empathie a pour base les mécanismes mentaux que j'ai expliqués plus haut.
La compassion peut passer par des voies purement pragmatiques. Par exemple, on tue 1000 souris par jour dans mon bâtiment. Ma collègue de bureau n'est pas très douée pour tuer ses souris sans les faire souffrir. Bien que mes seules fonctions de chercheur soient ici celles d'un informaticien, je préfère tuer moi-même ses souris, plutôt que les voir souffrir (je n'utilise pas les mêmes techniques qu'elle).
Je puis vous garantir que la "communication non verbale" des souris est différente de celle des humains !!!

Dans le cas d'un animal, il s'agit bien de compassion, mais pas d'empathie.
De même, la compassion à distance est de la compassion, mais pas de l'empathie.

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Réponse à Maud concernant la mort d'un proche : il faut distinguer ce qui est une douleur affective typiquement NT et un profond malaise dû à la réorganisation matérielle du monde proche, typiquement TED.

Ne pas être triste ne signifie pas ne pas être perturbé par la disparition d'un proche.

Gabriel.

Publié : 02 mai 2005, 18:17
par Alex
Merci beaucoup Bernot de m'avoir éclairé.

Publié : 02 mai 2005, 18:39
par Bernot
Alex a écrit :Merci beaucoup Bernot de m'avoir éclairé.
Il n'y a pas de quoi me remercier car je me suis moi-même auto-éclairé au passage*...

Donc, merci Alex d'avoir lancé ce sujet !

Gabriel.


* C'est-à-dire que j'ai été obligé d'effectuer le travail de recherche de cohérence nécessaire à tout TED sur tout sujet. C'est donc une connaissance que j'ai pu acquérir grâce au sujet d'Alex.

Publié : 02 mai 2005, 18:46
par Panda
Peut-on en conclure que l'empathie concerne la réciprocité sociale et la compassion la réciprocité émotionnelle?

Pour moi, le malaise dû à un deuil ne concerne pas seulement la réorganisation matérielle mais aussi mentale. Je crois que c'est en perdant quelqu'un qu'on prend la mesure de ce qu'il nous apportait, que d'autres ne nous apporteront pas.
Pour en revenir à l'amitié, je pense comme toi Bernot qu'un ami est celui qui va t'accepter dans ta différence. Imagine trouver la personne consciente de toutes tes différence et capable de te prendre tel que tu es, peut-être ressentirais-tu du soulagement à l'avoir trouvée, et un manque terrible à la perdre...
Maud

Publié : 02 mai 2005, 18:51
par mam
Bon,

J'ai donc de l'empathie et de la compassion :shock:

Et je puis vous assurer que c'est dur à gérer : ça me rend :sick:


Je commence à saisir le fonctionnement neuronal des TED :wink: