Juste pour dire…
Posté : 21 nov. 2010, 05:24
Je lisais l'un des sujets d'Entre nous… où il est question de discrimination, et comme je ne peux pas répondre, par discrimination
, j'ouvre un sujet qui n'a (presque) rien à voir avec ce qui était évoqué.
Je suis chômeur âgé, je ne risque pas de trouver beaucoup de boulot vu que je n'en cherche pas, donc j'ai du temps libre.
Et comme je rencontrais de jeunes orphelins réfugiés dans une sorte d'ancienne prison d'un hôpital militaire en participant avec eux à un atelier de peinture (il s'agissait de créer des totems décorés), j'ai un peu discuté.
Moyenne d'âge, 16 ans (mais il y en a de très jeunes) ; avenir incertain puisqu'ils sont en attente de papiers et d'un accueil plus sûr, ou de se faire expulser ; origines, multiples.
Le lendemain, il y a eu une présentation des œuvres, suivie d'un goûter avec animation musicale (surréaliste de voir de jeunes Africains faire la chenille sur l'air de "Jeff, un p'tit verre, on a soif"). Ils ont réussi à me faire danser, ce qui est un exploit.
Étonnant comme ils avaient l'air heureux d'être tous ensembles dans leur casemate, d'en sortir pour cette petite fête en leur honneur. Ils dansaient et avaient tout oublié.
Mais dans la peinture d'un Sénégalais (quel noir que cette peau ! Vachement beau.), il y avait sur fond de carte d'Afrique un personnage enchaîné, et une longue fente découpée dans le panneau, et un petit galion qui voguait à s'éloigner.
Je lui ai demandé s'il avait encore le sentiment d'être le produit de l'esclavage, parce que pour moi, l'esclavage, ça date…
- Oui.
OK, surprenant.
Et cette fente ?
- C'est la porte sans retour par laquelle on quitte tout pour ne jamais revenir chez soi, en Afrique. Sur le petit galion.
Allez prendre ça dans la face… Ça cogne encore.
En quelques mots un super beau petit gars que pas mal de magazines s'arracheraient pour des pubs de fringues résume la situation, vieille du 16ème siècle, de tout un continent, qui n'est pas seul concerné puisque j'ai un peu blagué avec un petit Arabe (environ 10 ans), orphelin comme les autres et qu'une mignonne Asiatique se faisait draguer par un petit macho Latino.
Un autre, un Congolais, avait peint la carte d'Afrique également, avec un œil d'où coulait une grosse larme de sang et une bouche où il avait masqué le mot "Démocratie". Dans l'autre œil, il y avait les lettres L, I, R, E et une tache rouge au milieu. Encore du sang. En forme de lettre b.
Il fallait donc LIRE "LIbRE".
Je lui ai demandé quelles étaient ses attentes en Europe…
- Je voudrais faire des mathématiques. J'aime la logique et l'abstraction.
Ah, et tu aimes l'informatique ? (en fait moi je passe mon temps sur mon Mac, alors c'est pour moi un virus.)
- Oui, car il y a des logiciels, des programmes et des applications.
OK, mon gars, tu as tout à apprendre, tu n'as sans doute jamais touché un PC, mais il est clair que ça te démange.
Bref, j'ai été voir l'assistante sociale du petit centre culturel où se tenait le goûter et j'ai demandé si les PCs de l'étage pourraient leur servir certains jours.
- Oui. Si tu t'en occupes.
Me voilà donc bombardé formateur en informatique pour de jeunes réfugiés.
Première chose que je compte leur apprendre : se faire un compte gmail pour qu'ils puissent rester tous en contact où qu'ils soient dans le futur, car j'ai bien remarqué que se nouaient entre eux des liens à préserver, parfois des amours. Ils sont déjà occupés à se reconstruire une famille.
Ensuite, on verra. Ça va sans doute être du traitement de texte, des feuilles de calcul pour ceux que ça intéresse, du surf, des jeux. Ça dépendra des attentes.
Mais là, je dois revenir à la notion de discrimination…
Excusez-moi, mais la discrimination des TEDs est dérisoire par rapport à leur vécu. Et je ne sais même pas comment ils sont arrivés jusqu'ici.
Mais, je me dis que nous ici, avec nos problèmes de communication, nous qui cherchons de la franchise, en voilà des tonnes.
Voilà quoi faire de ses journées, voilà comment rencontrer des gens qui le méritent.
OK, ça ne va rien me rapporter… Financièrement.
Mais enfin, au delà d'avoir fait mon fils, j'ai la possibilité de laisser une trace de plus sur Terre.
Hé Toni, je vais sans doute en rencontrer de jeunes Musulmanes…
Mais pas de chance, elles sont trop jeunes pour moi.
Et moi, par rapport à eux et elles, je n'ai aucun besoin, sauf celui de me rendre utile.
En voilà des enfants, qui n'auront pas mes gênes, dont il faut s'occuper.
En voilà des amis à qui je peux apporter mon temps.
Et puis, je crois que j'arriverai à me rendre tellement utile, que je vais me faire une telle expérience, que peut-être un jour je serai rémunéré. En attendant, j'aurai droit à quelques défraiements, pour travailler rien que le matin, donc avec tout le temps de m'occuper de mon fils dès sa sortie de l'école.
Je suis bien parti pour m'éclater.


Je suis chômeur âgé, je ne risque pas de trouver beaucoup de boulot vu que je n'en cherche pas, donc j'ai du temps libre.
Et comme je rencontrais de jeunes orphelins réfugiés dans une sorte d'ancienne prison d'un hôpital militaire en participant avec eux à un atelier de peinture (il s'agissait de créer des totems décorés), j'ai un peu discuté.
Moyenne d'âge, 16 ans (mais il y en a de très jeunes) ; avenir incertain puisqu'ils sont en attente de papiers et d'un accueil plus sûr, ou de se faire expulser ; origines, multiples.
Le lendemain, il y a eu une présentation des œuvres, suivie d'un goûter avec animation musicale (surréaliste de voir de jeunes Africains faire la chenille sur l'air de "Jeff, un p'tit verre, on a soif"). Ils ont réussi à me faire danser, ce qui est un exploit.
Étonnant comme ils avaient l'air heureux d'être tous ensembles dans leur casemate, d'en sortir pour cette petite fête en leur honneur. Ils dansaient et avaient tout oublié.
Mais dans la peinture d'un Sénégalais (quel noir que cette peau ! Vachement beau.), il y avait sur fond de carte d'Afrique un personnage enchaîné, et une longue fente découpée dans le panneau, et un petit galion qui voguait à s'éloigner.
Je lui ai demandé s'il avait encore le sentiment d'être le produit de l'esclavage, parce que pour moi, l'esclavage, ça date…
- Oui.
OK, surprenant.
Et cette fente ?
- C'est la porte sans retour par laquelle on quitte tout pour ne jamais revenir chez soi, en Afrique. Sur le petit galion.
Allez prendre ça dans la face… Ça cogne encore.
En quelques mots un super beau petit gars que pas mal de magazines s'arracheraient pour des pubs de fringues résume la situation, vieille du 16ème siècle, de tout un continent, qui n'est pas seul concerné puisque j'ai un peu blagué avec un petit Arabe (environ 10 ans), orphelin comme les autres et qu'une mignonne Asiatique se faisait draguer par un petit macho Latino.
Un autre, un Congolais, avait peint la carte d'Afrique également, avec un œil d'où coulait une grosse larme de sang et une bouche où il avait masqué le mot "Démocratie". Dans l'autre œil, il y avait les lettres L, I, R, E et une tache rouge au milieu. Encore du sang. En forme de lettre b.
Il fallait donc LIRE "LIbRE".
Je lui ai demandé quelles étaient ses attentes en Europe…
- Je voudrais faire des mathématiques. J'aime la logique et l'abstraction.
Ah, et tu aimes l'informatique ? (en fait moi je passe mon temps sur mon Mac, alors c'est pour moi un virus.)
- Oui, car il y a des logiciels, des programmes et des applications.
OK, mon gars, tu as tout à apprendre, tu n'as sans doute jamais touché un PC, mais il est clair que ça te démange.
Bref, j'ai été voir l'assistante sociale du petit centre culturel où se tenait le goûter et j'ai demandé si les PCs de l'étage pourraient leur servir certains jours.
- Oui. Si tu t'en occupes.
Me voilà donc bombardé formateur en informatique pour de jeunes réfugiés.
Première chose que je compte leur apprendre : se faire un compte gmail pour qu'ils puissent rester tous en contact où qu'ils soient dans le futur, car j'ai bien remarqué que se nouaient entre eux des liens à préserver, parfois des amours. Ils sont déjà occupés à se reconstruire une famille.
Ensuite, on verra. Ça va sans doute être du traitement de texte, des feuilles de calcul pour ceux que ça intéresse, du surf, des jeux. Ça dépendra des attentes.
Mais là, je dois revenir à la notion de discrimination…
Excusez-moi, mais la discrimination des TEDs est dérisoire par rapport à leur vécu. Et je ne sais même pas comment ils sont arrivés jusqu'ici.
Mais, je me dis que nous ici, avec nos problèmes de communication, nous qui cherchons de la franchise, en voilà des tonnes.
Voilà quoi faire de ses journées, voilà comment rencontrer des gens qui le méritent.
OK, ça ne va rien me rapporter… Financièrement.
Mais enfin, au delà d'avoir fait mon fils, j'ai la possibilité de laisser une trace de plus sur Terre.
Hé Toni, je vais sans doute en rencontrer de jeunes Musulmanes…

Mais pas de chance, elles sont trop jeunes pour moi.

Et moi, par rapport à eux et elles, je n'ai aucun besoin, sauf celui de me rendre utile.
En voilà des enfants, qui n'auront pas mes gênes, dont il faut s'occuper.
En voilà des amis à qui je peux apporter mon temps.
Et puis, je crois que j'arriverai à me rendre tellement utile, que je vais me faire une telle expérience, que peut-être un jour je serai rémunéré. En attendant, j'aurai droit à quelques défraiements, pour travailler rien que le matin, donc avec tout le temps de m'occuper de mon fils dès sa sortie de l'école.
Je suis bien parti pour m'éclater.
