AIDERA Yvelines - Notre lettre de soutien.

Madame, Monsieur,

C’est apprenant avec consternation la décision du CROSMS (Comité Régional d’Organisation Sociale et Médico-Social d’Ile de France.) de refuser le projet d’extension du SESSAD-SAI conduit par l’association AIDERA-Yvelines, que je m’adresse à vous pour vous faire part de notre très grande inquiétude concernant l’avenir d’un nombre important de jeunes autistes.

Grâce à ce service, 41 enfants autistes étaient pris en charge, accompagnés et éduqués avec succès dont beaucoup en milieu ordinaire et non pas retirés du système scolaire, livrés à un futur qui malheureusement en France revient à diriger les jeunes autistes soit vers des filières menant à des établissement d’enseignement spécial en Belgique, soit à une pure et simple déscolarisation en dépit du fait que l’enseignement est en France obligatoire.

La France ayant pourtant un prestigieux rayonnement international dans des domaines très divers, qu’ils soient politique, scientifique, artistique, fait non seulement rien pour aider la scolarisation des autistes, rien pour aider les jeunes autistes à parvenir à exploiter leur potentiel comme tout citoyen, et si cela ne suffisait pas, mais en plus refuse la continuation d’un projet citoyen (en effet c’est un projet citoyen) palliant cette important défaillance du système français, sous couvert d’arguments non-objectifs et contradictoires, tels que :

  • « Il ne serait pas possible d’avoir des accompagnants auprès des enfants à l’école. C’est le domaine réservé de l’Education Nationale » alors que ce service existe depuis 6 ans sous convention avec l’EN !.
  • « L’accompagnement proposé par l’équipe après qu’un diagnostic d’autisme ait été posé n’est pas possible car relèverait du Centre de Ressources Autisme Ile de France - CRAIF » alors que le CRAIF lui-même se félicite de la présence d’une ressource locale supplémentaire
  • « La formation des accompagnants ne semble pas pouvoir exister » alors qu’elle est prévue et assurée régulièrement par un organisme de formation reconnu et spécialisé à l’autisme et que le personnel de l’EN ne bénéficie que très rarement de formations à l’autisme et quand il en a, c’est suite à l’intervention d’AIDERA-Yvelines
  • « Les personnels d’un SESSAD ne peuvent intervenir à domicile » alors que dans les textes et les faits l’intervention à domicile est explicitement prévue
  • « Le financement demandé aux familles crée une inégalité qui n’est pas acceptable » alors que le système actuel, qui certes est coûteux pour les familles, est compensé pour partie par l’AEEH

En tant que personne autiste -certes dite « de haut niveau »- je voyais avec bonheur la possibilité d’extension de ce type de projet (qui n’existait pas à l’époque ou j’en aurais eu le plus besoin), alors qu’un tout petit pays comme la Belgique avais déjà plus d’avance en ce domaine que la France, et que donc ces enfants auraient peut-être un avenir bien meilleur que celui de beaucoup d’autistes de ma génération. Un projet né des efforts de parents qui se sont mobilisés alors que les pouvoirs publics les avaient soit oubliés, soit rejetés ou ignorés.

Projet né des efforts de parents alors qu’on commence dans les milieux politiques à parler justement de la culture du travail et de l’effort, que ces parents n’ont pas attendu d’avoir, car elle est indispensable aux parents pour aider leurs enfants à progresser pour qu’ils ne soient pas condamnés à l’assistanat.

Projet créant des emplois d’intérêt PUBLIC et à très long terme pour des personnes spécialisées !

Nous, personnes autistes attendons des pouvoir publics qu’ils favorisent les projets visant à l’intégration des personnes autistes dans tous les aspects de la vie courante, que ce soit dans le milieu du travail qu’à l’école. Nous attendons que les pouvoir publics favorisent les projets permettant aux jeunes autistes d’un jours de devenir des adultes pouvant avoir une vie de citoyen, de travailler, payer des impôts, voter. Ce que certains d’entre nous aujourd’hui adulte ont la chance de pouvoir faire.

La décision de la CROSMS va dans le sens contraire de ce projet de vie pour les autistes, elle est donc mauvaise et sans conteste anti-républicaine à plusieurs points de vue et contraire à la triade formant la devise de la France Liberté-Egalité-Fraternité.

Emmanuël DUBRULLE

Président de SAtedi. Association internationale francophone de personnes autistes